L’écholalie est souvent perçue comme quelque chose d’inquiétant, qu’il faut absolument stopper. Pourtant, chez certains enfants – notamment autiste – c’est un véritable moyen d’expression. Mais alors, pourquoi répètent-ils ? Faut-il intervenir ? Est-ce grave ? Dans cet article, nous vous expliquons tout ce qui se cache derrière l’écholalie afin de mieux la comprendre.
Comprendre l’écholalie
Tout d’abord, il est important de revenir sur la définition et les différents types d’écholalies avant d’en comprendre leur rôle.
Définition
L’écholalie désigne la répétition de mots ou de phrases entendues. Ce mécanisme est très répandu, en particulier chez les enfants autistes. Cela dit, l’écholalie n’est pas toujours synonyme de trouble.
En effet, jusqu’à l’âge de trois ans, tous les enfants passent naturellement par cette phase d’imitation verbale. Ce qui différencie l’écholalie « atypique », c’est sa fréquence, sa durée et la manière dont elle est utilisée dans les échanges.
Les différents types d’écholalie
Il existe trois formes d’écholalie :
- immédiate : l’enfant répète tout de suite ce qu’il vient d’entendre ;
- différée : la répétition survient plus tard, plusieurs heures, voire plusieurs jours après l’avoir entendue ;
- atténuée : la phrase est légèrement modifiée par l’enfant, ce qui signifie qu’il commence à s’approprier le langage.
Pourquoi l’enfant répète-t-il ?
Contrairement aux idées reçues, l’écholalie n’est pas vide de sens. Au contraire, elle remplit même différentes fonctions.
Ainsi, l’écholalie sert à :
- exprimer une demande sans parvenir à la formuler autrement ;
- communiquer une émotion (stress, fatigue, excitation, etc.) ;
- s’autostimuler ou se rassurer face à une nouvelle situation ;
- organiser sa pensée, en particulier dans un environnement bruyant ou imprévisible ;
- structurer le langage à partir de phrases toutes faites.
Chez les enfants présentant un trouble sur spectre de l’autisme (TSA), ces fonctions sont très présentes au quotidien.
L’écholalie n’est donc pas une erreur, mais un outil de communication à part entière. Afin de mieux comprendre votre enfant, nous vous conseillons d’observer à quel moment l’écholalie se manifeste (fatigue, moment de stress, interactions sociales, etc.).
Enfin, pour l’aider à structurer sa pensée en douceur, n’hésitez pas à reformuler derrière votre enfant. Par exemple, s’il répète « On va prendre le train ? On va prendre le train ? », vous pouvez lui répondre « Oui, on va prendre le train tout à l’heure ».
Comment accompagner l’écholalie
Déjà, tout dépend de l’âge de votre enfant, de son profil ou encore de la manière dont l’écholalie impacte sa communication.
Chez le jeune enfant, jusqu’à l’âge de trois ans, l’écholalie est une étape normale du développement et disparaîtra d’elle-même, naturellement.
Chez les enfants autistes ou ayant des troubles du neurodéveloppement (TND), un accompagnement adapté permet de faire de ce langage répétitif un appui plutôt qu’un frein.
Dans ce cas, nous faisons appel à des professionnels comme des orthophonistes ou des psychomotriciens qui aident à :
- comprendre la fonction de l’écholalie chez l’enfant ;
- en faire un levier pour construire un langage plus spontané ;
- mettre en place des supports visuels ou des routines afin de réduire l’anxiété liée à la communication.
De votre côté, nous vous encourageons à vous appuyer sur ce que votre enfant dit, même s’il répète régulièrement. Cela vous permet d’entrer dans son monde et de lui signifier qu’il vous intéresse.
Faut-il corriger l’écholalie ?
L’écholalie ne représente pas un frein dans la progression du langage, il n’est donc pas nécessaire de chercher à l’effacer à tout prix. Elle peut même servir de tremplin lorsque nous nous y prenons bien.
En effet, quand elle est bien accompagnée, l’écholalie :
- devient une base pour construire des phrases personnelles ;
- montre que l’enfant entend, comprend et est capable d’interaction ;
- peut évoluer de manière spontanée sur le cadre est suffisamment sécurisant.
De plus, grâce à l’accompagnement des professionnels, cette répétition peut se transformer en communication authentique !
Alors, plutôt que de bloquer la répétition, utilisez-la pour rebondir et échanger avec votre enfant.
Le mot de la fin
L’écholalie peut surprendre, voire inquiéter, pourtant, elle représente une véritable tentative de connexion. Chez certains enfants, elle est d’ailleurs un passage obligé vers un langage plus autonome. L’essentiel, c’est de comprendre ce qu’elle cache : une émotion, une envie, une façon de se rassurer.
Ainsi, il est important d’accueillir l’écholalie comme un point de départ et non comme un obstacle. Après tout, répéter, c’est déjà communiquer !